Monday, November 16th 2015
Matt Haimovitz makes us take conscience about how this music is still alive, breathing and refusing to be encased in a stylistic protective shell.
-Frédéric Cardin
Matt Haimovitz nous fait ainsi prendre conscience que cette musique est bien vivante, qu’elle respire et qu’elle refuse de se laisser emmurer dans une coquille protectrice stylistique.
-Frédéric Cardin
Le violoncelliste Matt Haimovitz enregistre une version des célèbres Suites pour violoncelle seul de Bach basée sur un manuscrit recopié par Anna Magdalena, la deuxième femme du compositeur, d’où le titre Bach Cello Suites According to Anna Magdalena. On y trouve, selon Haimovitz, des indications musicales inédites, qui seraient plus près des intentions premières du compositeur.
Vidéo du Prélude de la Suite pour violoncelle no 1 de Bach, par Matt Haimovitz :
Pour le profane et celui qui plonge occasionnellement dans la musique de Bach, les différences entre les versions risquent d’être inaudibles. Toutefois, ce que tout un chacun peut retenir, c’est à quel point Haimovitz (un Américain qui réside à Montréal et enseigne à l’école de musique Schulich, affiliée à l’Université McGill) en fait une lecture très personnelle, remplie de syncopes, de retards surprenants, d’effets de crescendo inattendus, etc.
Lorsqu’on visite Paris, on ne l’oublie jamais. Je ressens la même chose pour les Suites de Bach : une fois qu’on les entend, elles nous transforment pour toujours
Haimovitz se plaît parfois à jouer cette musique dans des endroits improbables, un peu partout aux États-Unis : des bars country, des clubs punks, des cafétérias universitaires, et j’en passe. Voilà peut-être ce qui le pousse à les habiter d’une manière aussi iconoclaste.
Les puristes détesteront peut-être ce disque. Pour ma part, j’admire cette volonté de laisser ces œuvres respirer un autre air. Ça n’enlève rien aux lectures « traditionnelles », ça ne fait qu’ajouter un nouvel angle au regard qu’on leur porte. Parfois, ça fonctionne, parfois non. Le mérite est de tenter le coup!
Dans ce cas-ci, il y a un peu des deux approches dans le même album. Pour moi, par exemple, la Sarabande de la Suite no 6 séduit agréablement alors que la Gigue de la Suite no 3 semble souffrir d’effets exagérés.
Mais, voyez-vous, la beauté de la chose, c’est que ce sera peut-être le contraire pour vous. Matt Haimovitz nous fait ainsi prendre conscience que cette musique est bien vivante, qu’elle respire et qu’elle refuse de se laisser emmurer dans une coquille protectrice stylistique.
Et ça, c’est le plus grand accomplissement de ce musicien exceptionnel.